Shonan Focus

Le tremblement de terre de 1923 n'a pas seulement ébranlé Tokyo, il a aussi accéléré son passage à la modernité. Pour répondre à la crise du logement et moderniser la ville, le ministère de l'Intérieur a créé l'organisation spéciale Dojunkai. Entre 1924 et 1936, cette agence s’est attelée à la construction de 16 immeubles en béton armé et en bois, répartis entre Tokyo et Yokohama.

Les immeubles Dojunkai symbolisent une ère nouvelle. Intégrant des éléments de style occidental et des innovations techniques, ces bâtiments étaient conçus pour résister aux tremblements de terre. Les larges avenues, les infrastructures modernes et les équipements comme l'électricité et les systèmes d'égouts, encore rares à l'époque, illustraient une avancée significative dans la qualité de vie urbaine.

Parmi les constructions emblématiques, l'immeuble de Daikanyama près de Shibuya et celui sur l'avenue Omotesando à Aoyama sont particulièrement remarquables. Ce dernier, malheureusement démoli en 2003 pour laisser place à Omotesando Hills, un projet commercial controversé de Mori Building Co Ltd, a suscité de vives réactions parmi les défenseurs du patrimoine historique.

Les immeubles Dojunkai de Nippori ont aujourd'hui disparu. La démolition de ces bâtiments, victimes de la spéculation foncière et de la pression immobilière, représente la perte progressive d’un patrimoine architectural inestimable. Ces destructions reflètent la difficile conciliation entre préservation historique et développement économique dans une ville où le prix du terrain dépasse souvent la valeur des constructions elles-mêmes.

Le mouvement Dojunkai, en intégrant des espaces verts et des cours intérieures, a redéfini l’urbanisme tokyoïte. Ces projets résidentiels offraient une qualité de vie inédite et sont devenus des symboles de l’urbanisme de l’entre-deux-guerres. Aujourd'hui, la mémoire de ces bâtiments reste essentielle pour comprendre l'évolution architecturale et urbaine de Tokyo au XXe siècle.

Le concept Dojunkai a marqué une étape cruciale dans la reconstruction et la modernisation de Tokyo après le séisme de 1923. Si beaucoup de ces bâtiments ont disparu, leur héritage perdure dans le tissu urbain de la ville. Préserver et documenter cette mémoire est crucial pour saisir l'ampleur de l'évolution de Tokyo et l'impact des choix architecturaux du passé sur la ville moderne.